Lutteurs zapatistes
En 1994, le jour de l’inauguration de l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA), l’EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale) se soulève au Chiapas, l’un des états les plus convoités du Mexique mais où la population est la plus pauvre du pays. L’EZLN ne se bat pas pour une prise de pouvoir mais pour l’autonomie des peuples indigènes ostracisés depuis des siècles, mettant en avant la gestion collective, la revendication de leur identité, la défense de la nature, etc. Dès 1994, des communes autonomes autogérées (caracoles) sont créées. Un système autonome judiciaire, éducatif et de santé est mis en place.
Cette série engagée de sculptures est une incarnation des revendications zapatistes qui se résument en onze points : le toit, la terre, le travail, le pain, la santé, l’éducation, l’indépendance, la liberté, la justice, la démocratie, la paix. Chaque lutteur illustre une de ces revendications.
J’ai choisi de mêler lutteurs mexicains et zapatisme pour toute la symbolique que peut véhiculer le masque : il permet de donner un visage à ceux qui sont oubliés, de retrouver une identité, un nom, etc.
L'homme au jardin
Prendre racine, s'attacher à un lieu, à des êtres, laisser grandir l'arbre de vie, laisser tisser cet enchevêtrement du vivant...
Exposition de fin d'études "Vies"
L’installation
Vies est le reflet d’une réflexion
autour de la mort, inspirée par mes quelques années passées au Mexique.
Elle
est guidée par une question centrale : que
reste-t-il après la mort ?
Un corps, qui se décompose, et qui par là même
fait vivre d’autres organismes.
Des souvenirs, des témoins d’une vie, sources
inépuisables de nouvelles histoires.
Ce que je cherche à exprimer, ce n’est pas la
mort vécue comme une fin, mais bien comme une transmutation de la vie, comme
« re-naissance ».
Les notions de permanence et d’impermanence, du
visible et de l’invisible, de cycle, de recyclage, de transformation, de décomposition,
de recomposition sont au cœur de mon installation.
Le Chanteur des morts
Quatre ans de vie au Mexique qui ont été marquées par un
regard étonné sur la vision mexicaine de la mort… La mort est une présence
constante : elle habite non seulement l’art populaire, les arts
plastiques, la littérature mais aussi la vie quotidienne. Loin d’être tue, la
mort fait parler d’elle, elle a une place de choix dans l’imaginaire mexicain.
Intriguée par la constante
présence de cet invisible rendu visible par le biais de représentations
visuelles, textuelles et orales, j’ai traduit El Cantante de Muertos (Le
Chanteur des morts) de Antonio Ramos Revillas. Le roman met en scène Pablo Rodas, personnage central, issu
d’une famille aussi peu courante qu’étrange. Son père perpétue une mystérieuse
tradition familiale : il chante les morts, tout comme le faisait son
propre père. N’ayant pas pu édité ma traduction, j’ai souhaité m’exprimer en
traduisant l’ouvrage plastiquement.
Pourquoi avoir fait le choix d’un crâne, symbole récurrent de
l’iconographie mortuaire ? Parce que cet icône est omniprésent dans la vie
mexicaine, parce qu’il est compréhensible de tous, parce qu’il est le devenu le
symbole d’une identité commune, parce qu’il renvoie à une importante question
existentielle : celle de l’intérieur. Montrer un crâne, c’est montrer le
dedans, ce qui ne se voit pas, l’invisible. Ce qui m’intéressait, c’était
d’aller encore plus loin, de creuser plus profondément, de regarder cet
invisible, de parler du mémorable, du remémorable, et de l’immémorial.
Dans ce crâne, je voulais y loger une histoire,
une interprétation personnelle du roman de Ramos Revillas. Un crâne que l’on
pourrait ouvrir et refermer, d’où des personnages pourraient sortir et y
rentrer, un crâne qui s’ouvre sur un triptyque illustrant les trois chapitres
du livre.
Vies
La série Vies est une
invitation à plonger dans cette idée de transmutation de la vie, de recyclage,
de métamorphose. A la manière du biomorphisme, on y verra tantôt des formes
humaines, tantôt des formes animales, tantôt des organes, tantôt des
végétaux...On y verra la vie, le
mouvement dans l’abstraction.
Vies III
Vies I
Cadavre exquis
Choisir des objets, les vider de leur utilité, de leur fonction première dans
un acte délibéré . Ils se disposent ainsi à se métamorphoser.
Le cadavre exquis, jeu collectif des surréalistes, auquel je
me suis prise à jouer seule, à accumuler des sections de sculptures de manière
automatique est le titre qui m’est venu spontanément pour cet assemblage. Une
sculpture représentant la mort, la vie, les vies.
Cadavre exquis en cours de réalisation
A l'intérieur
A l’intérieur, des émotions, des sentiments, des histoires
vécues, des histoires imaginées, et tant de choses non palpables qui ne voient
pas toujours le jour à l’extérieur…
Décomposition recomposée
Respirer
Des volutes, des va-et-vient de l’intérieur à l’extérieur… Respirer.